Association Landhelven Landhelven, association organisatrice de jeux de rôles grandeur nature en Midi-Pyrénées, Aquitaine et Languedoc-Rousillon. |
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| Comptes rendu de campagnes | |
| | Auteur | Message |
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frak
Nombre de messages : 212 Localisation : perdu Date d'inscription : 15/01/2008
| Sujet: Comptes rendu de campagnes Dim 14 Fév - 15:03 | |
| Petites nouvelles sans prétention. Attention RP non participatif. _______________________________
Journal d’Epicureius, 17ème campagne, Purge d’Ecatonch, partie 4
Je me retournais pour contempler le carnage devant moi : une plaine ravagée, des centaines de cadavres et presque autant de blessés ; comment avais-je fais pour me retrouver dans une telle situation ? - "Juge Severus ! Que faisons nous maintenant ?" Severus est le surnom que les soldats m’ont donné en raison de mon intransigeance disciplinaire et mon zèle. L’homme qui venait de ruiner ma réflexion était le tribun nocturien avec qui je menais cette foutue campagne. - "Rassemblez vos hommes, faites-les remplacer par du sang neuf et assurez-vous qu’ils puissent se changer les idées, il l’ont bien mérité. Et préparez une escorte : après le carnage d’aujourd’hui ces barbares vont peut-être se décider à signer leur reddition."
Le problème de tout officier politique est de pouvoir maintenir une discipline sans risquer de se faire poignarder ou abandonner au milieu d’ennemis par des soldats mécontents, c’est pourquoi j’ai toujours mis un point d’honneur à me montrer proche des soldats sous ma tutelle, histoire de m’assurer leurs bonnes grâces et leur soutien si besoin est. Mais à force de bien s’occuper de ses hommes, ils finissent par vous aimer et font du bon boulot pour vous. Donc, à terme, vous et les officiers commandant vous faites remarquer, êtes considérés comme des personnes compétentes, et où sont envoyées les personnes compétentes ? Sur les zones à risques !
De retour à notre camp, je pris un bon verre de vin, fit un brin de toilette et mis la tenue d’apparat que mon aide de camp Cicer m’avait apporté. En voyant la tenue, je me dis qu’une toge blanche avec des motifs stylisés verts sur une cotte de mailles éclatante, un casque à cimier et une canne ornementée n’allaient pas impressionner une troupe de barbares sanguinaires, mais bon : le protocole est ce qu’il est, et il faut l’appliquer.
- Cicer, qui composera mon escorte ? - Vous aurez les désignés de la 25ème décade, quatre orïns de la 13ème et trente soldats du corps de troupe de la 8ème légion. - Très bien, qui est l’officier qui mènera ces hommes ? - Le legat Serem, voulez-vous que j’aille le trouver ? - Non ça ira, merci. Tu peux disposer.
Parfait, une escorte avec un bon tiers de vétérans. Cela devrait pouvoir assurer ma sécurité, mais ne péchons pas par excès de confiance : mon glaive sera peut-être un poids mort, mais je m’en voudrais de ne pas l’avoir sur moi si la situation sortait d’une reddition standard.
Après quelques centaines de mètres, nous entrâmes dans la forêt qui composait le terrain de répit. Ce fut à ce moment que je me rendis compte que j’étais le seul individu à dominante blanche au milieu de légionnaires en tenues vert foncé et armures sombres, ce qui me désignait comme cible pour des tirailleurs embusqués. Je décidais alors de laisser le legatus mener ses hommes, seul en tête de cortège, et de prendre place au milieu des orïns en arrière-centre.
Cette décision me fut profitable lorsque les barbares se décidèrent à venir nous accueillir à grands moulinets de hache et que le legatus fut proprement embroché par un trait de baliste. Je perdis le fil de la bataille lorsque deux individus aux allures d’ours passablement négligés estimèrent que mon casque et la tête qui allait en dessous seraient bien mieux sur leur cheminée. Après quelques passes d’armes, je fus en mesure de reprendre le commandement et nous mirent en déroute cette troupe en un peu moins de quinze minutes, ces gens ayant autant de sens tactique qu’une vache borgne.
Une fois les légionnaires réorganisés, les morts et blessés prêts à être transportés, je décidai de retourner au camp, considérant que ces barbares ne se rendraient jamais et qu’il faudra tous les éliminer pour sécuriser cette région.
Je fis trois actions en arrivant au camp : ma première fut d’informer personnellement le tribun de la situation ; ma seconde fut naturellement de prodiguer félicitations, condoléances et vœux de rétablissement aux personnes de l’escorte ; et la dernière se résuma à prendre un bain, un verre de vin et un repos bien mérité.
Après quelques jours de calme se résumant à des escarmouches sans réelles influences, le tribun Prospicio décida de relever la cohorte où j’étais affecté pour un réapprovisionnement. Je me retrouvai donc dans un bureau avancé des juges nocturiens pour recevoir ma nouvelle affectation. Les juges de notoriété publique avait l’immense honneur (que je n’ai jamais ressenti d’ailleurs) de n’être affectés qu’aux contingents en campagne difficile, ils se voyaient relevés lorsque la situation était jugée stable et jouissaient après une opération d’un repos équivalent au quart du temps de mobilisation.
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| | | frak
Nombre de messages : 212 Localisation : perdu Date d'inscription : 15/01/2008
| Sujet: Re: Comptes rendu de campagnes Ven 5 Mar - 8:22 | |
| Pour clarifier l'organisation d'une légion nocturienne et en attendant leur apparition dans l'encyclopédie voici un rapide descriptif:
La décade est l’unité de base de la légion, elle se compose de neuf légionnaires qui sont supervisés par un princeps décade.
La centurie est l’unité tactique de la légion, sauf exception on mobilise au minimum une centurie. Elle se compose de huit décades, elle est supervisée par un prévot.
La manipule regroupe deux centuries, elle permet une division d’éléments opérationnels au sein de la cohorte. Elle est supervisée par le légat.
La cohorte est la formation généralement mobilisé pour maintenir la paix dans une zone à risque ou pour les campagnes de moyenne envergure. Elle se compose de six manipules et est supervisé par un tribun.
La légion est composée de cent cohortes et est supervisé par un tribun accerime. Elle comprend quatre-vingt seize mille légionnaires plus les officiers de commandements. Une légion est rarement mobilisée dans son intégralité.
Actuellement l’empire Nocturien possède trente légions.
L'armée nocturienne comprend aussi des formations parallèles comme les corps de cavalerie, les tribunaux nocturien, la marine ... | |
| | | frak
Nombre de messages : 212 Localisation : perdu Date d'inscription : 15/01/2008
| Sujet: Re: Comptes rendu de campagnes Ven 5 Mar - 8:29 | |
| Journal d’Epicureius, 5ème campagne- reconnaissance, Purification des contreforts
« Juré Epicureius, votre nouvelle affectation. J’ai foi en vos compétences pour la réussite de cette mission, vous pouvez disposer » C’était toujours les même paroles, à chaque fois que j’allais voir le procureur magistrat pour mes nouvelles mission, j’y avais droit. Je me trouvais dans ce qui me servait de bureau : une pièce de trois par quatre avec pour seul mobilier un bureau en chêne, une armoire à moitié vide et un chandelier de plafond dans le 13ème bureau des juges de la circonscription de Noct ; et comme toujours, j’avais les mains moites avant l’ouverture de cet ordre. Où allaient-ils encore m’envoyer ? Ce fut avec des sueurs froides que je vis inscrit le nom d’Ekrendand, ville de mercenaires et de dissidents en tous genres, enchâssée dans les contreforts des montagnes des Larmes. Ainsi les Gardes avaient décidé de faire disparaitre cette tache de l’empire, et c’était à moi de remettre en ordre les terres impériales autours des contreforts pour avoir un terrain propice au déploiement de la légion. (L’appellation « légion » dans ce cas est un pur abus de langage, c’est un terme que l’on emploie pour désigner les forces envoyées : dans ce cas, seules deux manipules ont été mobilisées).
Après avoir pris connaissance des détails de la mission, je pris le chemin du doma tactica, pour trouver la légion en faction la plus proche, et sélectionner à l’aide des registres les légionnaires qui m’épauleront. Pour une mission de ce type, je n’avais droit qu’à une décade, provenant de surcroît des troupes simples : étant une mission de préparation, je n’étais pas autorisé à réquisitionner de vétérans. Mon choix se porta après quelques heures de réflexion sur la XXVIII, légion non opérationnelle mais à laquelle je pouvais ponctionner une décade, et plus particulièrement sur la décade porteuse du matricule 8.10.34.XXVIII. Une décade se constitue de neuf soldats et d’un princeps décade. Celle-ci, comme toute les autres de cette légion, sont sorties de l’école depuis moins d’un an et n’ont jamais connu le combat. En bref, mon choix s’était porté sur la décade la plus prometteuse en tenant compte des concours de sortis d’école. J’aurais volontiers pris une décade dans une autre légion, mais mon supérieur ne me laissant que 3 mois, la XVIIIème était mon seul choix.
Un mois après avoir choisi ma décade, nous arrivions en vue des bourgades avoisinant les contreforts. Contrairement aux habitants du reste de l’Empire, ceux résidant non loin de lieux comme Ekrendand sont content de vous voir arriver ; si ce n’est pas le cas, vous pouvez émettre de sérieux doutes sur la légalité de leurs activités. Ma première impression des locaux fut plutôt bonne, (même si la suite me prouverait le contraire) bien qu’elle fut un peu entachée lorsque je découvris que leur bourgmestre était un Fakil retraité cherchant à entretenir sa panse bien développée. Nous nous installâmes en bordure du bourg. Une fois le camp monté, je fis envoyer deux hommes pour une première reconnaissance, trois pour maintenir les villageois à bonne distance du camp, deux autres pour réquisitionner la logistique nécessaire à notre mise en place (de quoi manger et boire) et je partis m’entretenir avec le princeps sur les actions à venir.
Ce fut quinze jours après notre arrivée que les choses commencèrent à se gâter. La mission s’amorçait bien, nous avions réuni de bonnes informations sur Ekrendand, la logistique de la légion se mettait doucement en place, lorsque de petits incidents vinrent perturber nos préparations. Au début ce n’était que de petits vols, puis plus le temps passait plus les villageois devenaient hostile, ce qui leur valut bien vite le surnom de « l’avaient pas l’air ». La situation empira lorsque j’appris que le tribun Vazij Shaïna commandera la légion. Il fallait absolument que je mène à bien cette mission ; non pas que je pensais ne pas y arriver, mais avoir un tribun d’une telle renommée vous obligeait à vous dépasser si vous espériez profiter de son soutien pour des promotions futures.
Après cinq jours à essayer de maintenir un semblant d’ordre dans les bourgs de plus en plus instables, mon fakil ventripotent bien-aimé se décida à jouer cartes sur table et lança un appel à tout les insurgés et paysans de la région pour nous déloger de cet endroit et empêcher nos préparatifs, ce qui laisserait la légion une fois sur place sans support logistique. Ce petit revirement me mit dans l’obligation de faire intervenir les décades de maintien de l’ordre que j’avais appelé une semaine auparavant, et qui attendaient en arrière de notre position. Il ne fallut pas loin de trois semaines d’escarmouches, embuscades, assassinats et sabotages pour enfin couper les voies d’accès aux contreforts et retrancher le fakil dans son bastion. Après ces trois semaines de jeu du chat et de la souris, je pris la tête des hommes qui menèrent l’assaut sur le bastion, pour pouvoir crucifier moi-même ce mollusque à chapeau. Le bastion était un manoir fortifié posé sur une colline entourée de fossés et de pieux. Il fallut quatre bonnes heures de diversions pour permettre à une de mes décades de pénétrer dans le manoir et ouvrir la porte principale. Mes souvenirs se brouillant un peu dans l’adrénaline du combat, je me souviens d’insurgés démembrés par le zèle de mes hommes, d’un coup me laissant une estafilade sur la jambe, quelques cris, le bruit des épées et d’armes à poudres. Puis au hasard d’une salle secrète (un cadavre allant briser l’armoire qui dissimulait l’entrée) je trouvais ma némésis tenant un sabre courbe. Le duel qui s’ensuivit fut trop rapide à mon goût : les années de retraite de mon chasseur de primes lui firent rendre les armes rapidement, et je me retrouvais avec un tas implorant ma grâce, accroché à ma toge. Cette situation m’arracha un sourire en pensant au sort que je lui réservais. Comme je me l’étais promis avant l’assaut, je fis monter une croix à l’entrée du bourg et j’enfonçais personnellement les clous dans l’homme pour le maintenir au bois. Un homme mettant un certain temps avant de mourir de cette manière, le bourg et les terres alentours purent entendre ses demandes de rédemption, laissant aux locaux un motif pour ne pas se mettre à dos l’empire.
Ces contretemps ne nous laissant qu’une vingtaine de jours pour terminer les préparatifs, je dus mettre les bouchées doubles et aboyer mes ordres plus que d’ordinaire, mais le travail fut terminé à temps. La légion arriva cinq jour après, et nous fumes remerciés suivant le protocole et je reçus une lettre de félicitation de la part du tribun Shaïna, ce qui me combla de joie et annonçait de bonnes choses pour ma jeune carrière. Je mis un mois pour raccompagner mes hommes : la marche forcée n’étant plus de mise, je dus séjourner quelque jour avec eux, histoire de fêter ça. Il me fallut une grosse semaine pour rejoindre mon petit bureau de Noct et son calme tout relatif. Une fois arrivé, j’eus à peine le temps de prendre un verre avec d’autres jurés avant que le procureur magistrat ne me fasse demander pour recevoir les mots de fin de mission ainsi que ma permission. On m’accordait une permission de vingt-trois jours, pas suffisamment pour regagner ma demeure, mais assez pour aller oublier ma conscience avec des camarades dans les tavernes de banlieues. Ce fut dans un verre de « Vierge » que se termina ma mission de reconnaissance et que débuta réellement la purge des contreforts. | |
| | | frak
Nombre de messages : 212 Localisation : perdu Date d'inscription : 15/01/2008
| Sujet: Re: Comptes rendu de campagnes Lun 5 Avr - 7:44 | |
| Pour clarifier un peu la prochaine nouvelle qui contient un peu de vocabulaire spécifique, voici un petit lexique:
-Birème: navire le plus utilisé dans les flottes nocturiennes, elle mesure environ 60m, possède 400 rameurs et peut transporter 160 hommes.
-Navire commandant:basé sur la même architecture que la birème, il fait 40m de long.
-Vigilant: navire à trois mats d'une vingtaine de mètres, il joue le rôle d'escorteur et d'intercepteur.
-Gabier: matelot posté à la vigie en haut du mat.
-Faire un bord: nom donné à la route d'un bateau entre deux changements de cap.
-Encablure: unité de mesure valant 100 brasses soit environ 200 mètres.
-Bordée: décharge complète de toute l'artillerie situé sur le même côté d'un navire de guerre.
-Gîte: inclinaison d'un navire sur son axe longitudinal.
-Éperon: pointe renforcée située sur l'avant d'un navire, utilisé comme arme.
Dernière édition par frak le Lun 5 Avr - 12:26, édité 1 fois | |
| | | frak
Nombre de messages : 212 Localisation : perdu Date d'inscription : 15/01/2008
| Sujet: Re: Comptes rendu de campagnes Lun 5 Avr - 7:45 | |
| Journal d’Epicureius, 15ème campagne, souffle du large
Cela fait quatre mois que je suis rentré de cet enfer, et je ne peux toujours pas dormir. Chaque nuit je revois mes hommes mourir de la main de ces abominations, et les terres du sud brûler. Je ne dois mon salut qu’à l’accerime qui donna avec sagesse l’ordre de retraite.
Les hommes revenant de cet enfer ont énormément de mal à s’en remettre et je n’ai pas fait exception à la règle. On pourrait penser que vos supérieurs vous accordent un peu de repos pour vous remettre sur pied ; pas dans la légion, et encore moins dans les tribunaux : si vous êtes apte physiquement, votre mental n’a aucune importance. On m’accorda le droit de recadrer une garnison d’avant-poste sur l’ile de Chiheisen dans l’archipel de Tchi. Dans le terme « recadrer », il faut comprendre « relever une garnison en vue d’une comparution en cour martiale, suite à des plaintes d’une autorité politique ».
Après avoir reçu mon ordre de mission, je pris le chemin de mon nouveau bureau. Ma récente promotion au grade de juge m’octroyait la possession d’un bureau d’une taille non négligeable. Une fois arrivé, je partis fouiller ma bibliothèque à la recherche de cartes de campagnes et des listes d’affectation des légions, pour trouver la garnison que j’allais mobiliser. Mon attention se porta sur une légion opérationnelle, cantonnée depuis deux mois dans le secteur oriental. Je pensais que les diplomates de Tchi seraient contents de voir des légionnaires d’expérience assurer la présence nocturienne dans l’enclave ; en effet, ceux-ci sont moins sujets aux débordements du fait de leur entraînement. Après avoir rédigé la lettre d’affectation, j’écrivis celle destinée à la flotte pour que l’on m’attribua transports et escorte.
Je rejoignis la garnison à Eiri-niká et nous prîmes la direction du port militaire d’Elpida. Ce fut donc avec espoir que je vis se dessiner les silhouettes des navires de la troisième flotte. Notre convoi se composait d’un vaisseau de ligne, magnifique birème de soixante mètres de long avec ses tours crénelées et ses batteries de balistes ; d’un groupe de trois vigilants, petits trois mâts élancés servant d’escorteurs ; et d’une bonne dizaine de navires marchands nocturiens et long tchi. Ce fut quelques heures après avoir appareillé que mon estomac me rappela que je n’étais pas un marin ; et ce fut avec dignité que je me cramponnai au bastingage pour nourrir les poissons. Il fallait six jours pour rallier notre destination ; mon estomac me tint occupé pendant environ deux jours. Les trois qui suivirent se ressemblèrent, de l’eau et toujours de l’eau, ce qui me laissa le temps de peaufiner les discours d’encouragement et d’étudier plus en détail la géographie de l’ile et les us et coutumes des long tchi.
La monotonie du voyage vola en éclats au lever du cinquième jour. Alors que nous pénétrions la bande des cents miles long tchi, notre gabier nous avertit qu’un groupe de navires venait dans notre direction. Après une observation plus assidue, il détermina que les navires étaient de fabrication gark, et qu’ils battaient le pavillon des libres marins. Je compris, en vue de la tension générale, que l’appellation « libres marins » signifiait pirates. Les matelots retrouvèrent très vite leurs esprits, et en quelques ordres précis, les navires marchant se rallièrent en demi-lune à l’arrière de la birème, et les vigilants se séparèrent pour couvrir nos flancs. La rapidité de notre réaction dut suffire à impressionner nos adversaires car ils firent un bord à quelques encablures avant de virer pour répartir d’où ils venaient.
Nous continuâmes vers Chiheisen avec plus de prudence, ce qui ralentit notre cadence, et elle ne fut en vue qu’en fin de soirée. Deux sentiments s’enchaînèrent à sa vue : tout d’abord un grand soulagement en voyant la terre, et en me disant que je pourrai poser les pieds sur celle-ci très vite ; puis une grande lassitude teintée d’une fine couche de désarroi en voyant le blocus constitué de dizaines de navires empêchant à quiconque l’accès au port. Le capitaine de la birème fit mouiller le convoi derrière un haut fond pour réduire nos flancs. Je passai une bonne partie de la nuit à discuter avec les capitaines sur la conduite à tenir. La première décision prise fut de renvoyer trois marchands à Elpida pour donner l’alerte, la deuxième fut de nouer un dialogue avec le blocus afin de trouver un consensus. Etant la seule personne du convoi avec une formation de diplomate, je me retrouvai dans un navire voguant vers le blocus.
Je me préparais mentalement à un rude combat diplomatique ; j’étais bien loin de la réalité.
C’est pendant que je passais en revue mon escorte constituée de cinq hommes, que j’entendis un matelot crier quelque chose. Une fraction de seconde plus tard, une détonation meurtrit mes tympans, et j’aperçus un objet identifié comme un boulet traverser le navire de part en part, en emportant un matelot. Je courus sur le pont afin de trouver le capitaine, tout en évitant esquilles et autres débris. Je trouvai celui-ci en plein combat avec la barre pour sortir son navire de cette mauvaise passe. C’est en le rejoignant que j’aperçus quatre navires faire route sur nous, en libérant bordée après bordée. La seule pensée qui me vint fut la puissance de ces armes montées sur les côtés de ces navires, et je me demandai pourquoi ni les nocturiens ni les long tchis n’utilisaient ces armes sur leurs navires. Mon moment d’égarement fut brutalement stoppé par l’arrivée d’une nouvelle bordée qui emporta un mât et une bonne partie du coté gauche de notre navire. Alors que le capitaine haranguait ses hommes pour faire manœuvrer notre embarcation qui prenait de plus en plus de gîte, une bordée mit définitivement fin à leurs tentatives en réduisant en échardes l’intégralité de la poupe. Ce fut dans un maelstrom de bois et de cordes que je quittai le pont pour m’élever à une hauteur respectable, avant de prendre un bon bain en tenue d’apparat dans la mer de tchi.
Après avoir regagné la surface, je m’accrochai à des planches en attendant que des personnes viennent récupérer les survivants. Mon attente ne fut pas bien longue, mais à défaut des vigilants que je guettais, ce fut un des navires pirate qui arriva sur les débris. Je vis alors trois chaloupes être mises à l’eau, et les hommes à bord commencèrent à faire le tri dans les survivants : en remontant et liant ceux jugés intéressants, et en achevant les autres. Comme on peut s’en douter, je fis partie de la première catégorie, et ce fut sans ménagement que je fus hissé dans la chaloupe avant de recevoir un fulgurant crochet qui coupa court à toute protestation possible.
Je repris conscience dans une cellule, au fin fond de la cale d’un des navires du blocus. Au vu des dimensions de la cale, j’en déduisis que je me trouvais dans un de ces grands bâtiments qui devaient faire office de vaisseau amiral, et qui devaient faire à peu près les mêmes dimensions que nos vaisseaux de commandement. En milieu de journée (ou ce que je pensais être le milieu de journée) un des marins passa pour s’assurer de la viabilité de la marchandise, et avertit son contremaître qu’une nouvelle recrue venait de reprendre connaissance. Je le vis approcher, pénétrer dans ma cellule et me déballer dans un nocturien tout relatif ses bonnes intentions, en me faisant admirer sa collection de couteaux à dépecer. Sachant que ce qu’il voulait savoir n’était pas sous le cachet du secret, je m’empressai de me présenter, et de justifier la raison de ma venue avant qu’un élément de sa collection ne s’approche de mon visage. Ce que l’on vous apprend lors des phases d’entrainement à la torture est qu’il vaut mieux garder ses forces pour des choses importantes et ne pas jouer au héros en refusant de révéler son nom. Le contremaître, estimant avec sagesse avoir à faire à une marchandise de choix, me laissa relativement tranquille. Je ne sais pas exactement combien de temps je passai sur ce navire : les cellules ne recevant que la lumière des torches, je perdis la notion du temps.
Ce fut approximativement une vingtaine de jours après ma capture qu’une certaine agitation s’empara du navire où j’étais séquestré. Je sentis le navire entrer en mouvement, et c’est après un petit moment de ballotage et d’agitation sur les ponts supérieurs que les canons firent de nouveau parler d’eux. Coincé au fond de cette cale, j’en étais réduit à reconstituer mentalement la bataille au son des différentes détonations. Je puis déterminer qu’au moins une vingtaine de navires du blocus avaient pris part au combat. Ces échanges durèrent pendant un certain temps. Puis, sorti de nulle part et dans un fracas de bois fendu, je vis un éperon qui, d’après ses inscriptions, appartenait au Redentor, jaillir à côté de ma cellule en la défonçant à moitié. Le bateau gîta dangereusement et l’eau commença à pénétrer à l’intérieur. Ma cellule étant défoncée, j’aurais pu rejoindre le pont et me tailler un chemin à travers des pirates surement occupés à sauver leurs vies pour rejoindre les forces nocturiennes. Mais non, la seule idée pleine de sagesse et de réflexion qui me passa par la tête à ce moment fut de m’agripper tant bien que mal à l’éperon en attendant qu’il se retire. Lorsque le Redentor fit rames arrières pour se dégager, je pris conscience de la précarité de ma situation, car être sur l’éperon d’une birème avec de l’eau jusqu'à mi-taille en pleine bataille navale n’est pas la meilleure des choses. Ce fut après un léger calme que le Redentor manœuvra pour s’aligner sur sa nouvelle proie. C’est étonnant comme aucune pensée ne vous traverse quand vous voyez un flanc de bateau se rapprocher en sachant que bientôt vous ferait partie intégrante de son épave… Mon instinct de survie réapparut juste avant l’impact et me fit sauter à l’eau. Une rame m’accueillit lorsque je refis surface, ce qui m’incita à retourner explorer le fond marin. Après m’être éloigné un peu du Redentor, j’aperçus à quelques brasses un vigilant : ce bateau étant muni de cales de bois sur ses flancs, je pourrais plus facilement rejoindre le pont. Arrivant sans trop de peine à m’accrocher au côté, je me mis à escalader. Emporté par mon enthousiasme, j’oubliai de m’identifier, ce qui me valu un vigoureux accueil à coup de glaive, et une fois encore ce fut mon instinct qui me sauva en me renvoyant à la mer. De retour à l’eau, je fis la connaissance d’un pirate qui avait également eu l’envie de prendre un bain. Je repartis à l’assaut du vigilant, après que mon compagnon de baignade ait perdu à « qui tient le plus longtemps sans respirer », en prenant soin cette fois-ci de m’identifier. Ce fut donc à bord du vigilant que j’assistai à la fin de cette bataille.
Il fallut quasiment toute l’après-midi pour briser le blocus et mettre en déroute les pirates. Je rejoignis en début de soirée le commandant des renforts dans le grand salon du fort de Chiheisen. J’appris alors que ma détention avait duré seize jours, et que les Long tchi envoyaient une flotte pour sécuriser la zone. Un accord était en marche pour sécuriser les routes commerciales. Après quelques jours passés à superviser le remplacement de garnison, alors qu’une envie de retour au pays commençait à me saisir, une charmante autochtone me convainquit avec de solides arguments de rester un peu sur cette île.
Ce fut deux mois plus tard que je remis les pieds dans mon bureau pour y trouver la lettre d’une nouvelle affectation. | |
| | | frak
Nombre de messages : 212 Localisation : perdu Date d'inscription : 15/01/2008
| Sujet: Re: Comptes rendu de campagnes Sam 3 Juil - 10:53 | |
| Journal d’Epicureius, 2ème fonction, Sables ardents.
« Pourquoi devenir haut-commissaire ? Un homme tel que vous ne se lasse t-il pas d’une vie sans combat ? » Encore cette question. Les gens ne pensent donc pas que des années de campagnes peuvent vous laisser las, et que vous ne souhaitez qu’une fin de carrière tranquille et banale ? Cela va faire trente ans que je suis dans le service actif. Que cela m’a t-il apporté ? Mes hauts faits ne m’ont permis de voir ma femme que lors de mes permissions, ce qui fît un total de moins de trois ans de vie commune en dix ans de mariage. Voilà un an que j’ai reçu ces deux maudites lettres : la première, m’annonçant après des années de combat administratif ma mutation dans le corps des hauts-commissaires, ce qui me permettait d’avoir un poste dans la région de mon domaine et ainsi de rester près de ma femme. Et cette satanée seconde lettre, cette même lettre qu’aucun militaire ne voudrait recevoir. Celle m’annonçant que ma chère Oriane avait été emportée par la fièvre. Jamais un soldat ne devrait voir sa bien-aimée partir avant lui. Alors, pour répondre a ce scribouillard diplomate : oui, un homme tel que moi se lasse d’une vie sans combat, mais je me lasse également des combats. Maintenant que mon soleil m’a quitté, tout n’est qu’ombre et poussière. Ma réaffectation au haut-commissariat me valut une formation d’ambassadeur. Oriane étant morte, je n’avais plus d’intérêt à rester près de mon domaine. Je choisis donc comme dignité les postes hors de l’empire. Ma deuxième fonction m’amena à des milliers de lieux de Noct, sur les terres d’un seigneur indépendant Falouk, sur la côte ouest de Daël. Ma fonction était simple : présenter au Falouk un accord de libre passage sécurisé de son domaine contre des permissions d’exportation et d’importation de matériel militaire et civil. Les relations entre Nocturia et Daël étant toujours houleuses, les guerres et les paix faisaient le bonheur de beaucoup de monde. Ma venue pour ouvrir une nouvelle route commerciale et un accord de sécurisation et de réglementation d’un territoire risquait d’énerver les contrebandiers de tout genre.
Ce fut donc dans le plus grand raffinement nocturien que j’arrivai au palais du seigneur Falouk, et je vous assure qu’il est très difficile de rester présentable quand on porte une tenue à trois épaisseurs composée de drapés et de fourrures. C’est gouttant de sueur que l’on me présenta au Ras Afsharide Homayoon. Il susurra quelque chose à l’oreille d’un de ses serviteurs qui disparut aussitôt, puis me retourna un sourire ambigu. Dans cette situation, soit vous sentez une goutte de sueur couler le long de votre dos, vous indiquant de décamper avant qu’il ne vous arrive une broutille ; soit vous prenez ces événement comme une banalité et continuer à afficher votre sourire nias. La profusion de gouttes dans mon dos m’empêchant de ressentir clairement cette alarme, je me contentai de rester sur place à attendre que les banalités protocolaires entre nos scribouillards respectifs se terminent. Après quelques minutes je vis revenir le serviteur qui fit un signe à son maître. Celui-ci fit à son tour un signe de tête et m’indiqua une porte sur le coté opposé de la pièce. Je vis alors deux gardes se placer derrière moi et commencer à m’inciter à bouger en voyant ma petite hésitation. Après un sourire amical du Falouk, je me retrouvai devant une tenue complète de diplomate laedar. Un large sourire apparut sur mon visage. Il semblerait que l’inconfort dû à mon uniforme avait été remarqué. Une fois changé, les négociations commerciales purent reprendre. La journée tirant sur sa fin, je fus convié à la table du Ras pour partager des anecdotes de mon service. Il semblerait que même à plus de deux milles lieux de l’Empire, mon nom ne soit pas inconnu. Je passais les quatre jours suivants à définir les termes des accords et les tracés des routes commerciales. Ces quatre jours ne furent pas aussi ennuyeux qu’ils le laissent paraître. Etre un invité de marque dans un palais vous octroie quelque petits à-coté très plaisants. Une fois les traités signés, il fut décidé que je repartirais en même temps qu’un convoi militaire Nocturien. Apprendre que l’on va voyager en compagnie de soldats au milieu de terres connues pour leur manque notoire de sécurité a de quoi paraître séduisant. Par contre, apprendre que ce sont des troupes de la IXème qui forment le convoi l’est beaucoup moins. En effet, pour ceux qui ne le sauraient pas, cette légion est constituée principalement d’unités d’hurleurs et de transports de troupes volants de type « arpenteur ». Mon voyage se passera donc enfermé, comme beaucoup de légionnaires, à l’arrière d’un des transports de troupe. Essayez d’imaginer la sensation que l’on ressent lorsqu’on s’élève dans les airs à l’intérieur d’une boite de conserve sans ouverture. Après une vague de sensations contradictoires, mon esprit commença à se calmer, ainsi que les rires étouffés des vétérans présents dans le compartiment. Quelques minutes plus tard, les ballotements de l’air sur la coque me plongèrent dans un doux sommeil.
De petits bruits de casseroles s’entrechoquant me réveillèrent. Voyant que j’étais de nouveau parmi eux, le chef d’escouade m’informa que les bruits que nous entendions étaient ceux de projectiles heurtant la coque. Comme des projectiles ne se baladent pas tous seuls dans les airs, mon esprit encore embrumé en déduit que nous étions sous un quelconque feu ennemi. Ma méditation sur la nature de nos assaillants fut subitement interrompue lorsqu’un rayon de lumière pénétra dans l’habitacle par un trou d’un diamètre respectable, créé par un projectile d’un calibre un peu plus sérieux. Une balle ayant l’habitude de voyager en communauté, plusieurs de ses amies suivirent rapidement, ce qui se traduisit par une multitude de rayons de lumière, qui vinrent assez rapidement à bout de la noble mécanique qui nous maintenait en l’air. Notre transport commença à planer doucement à la manière d’une feuille en automne avant de s’approcher du style de la pierre. La rencontre avec le sable brûlant daëlien fut brutale et pleine de rebondissements. Une fois l’arpenteur immobile, une grande bataille s’engagea, contre une porte en fer tordue et récalcitrante.
(... à suivre)
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