A leur douzième printemps, toute jeune fille se rend à la capitale. Une partie du palais est réservé à leur éducation.
C'est une tradition.
Au terme d'un long voyage avec la solitude et l'appréhension pour seules compagnes, la gigantesque forteresse se dressait devant moi.
Je me retrouvais donc devant cette porte de fer. La couleur azur mettait en évidence les oiseaux et les fleurs qui l'ornaient.
Des oiseaux en cage, une cage dorée.
Que n'étais je un oiseau à ce moment précis afin d'échapper à ce présent d'un battement d'ailes!
Un dernier regard. La caravane s'éloignait déjà. Un paradis perdu. Amèrement regretté, un sentiment d'abandon nouait mes entrailles. La liberté. Je devais ressortir au plus vite de cet endroit.
« Avance »
La vieille dame courbée était vêtue des plus beaux tissus que je n'avais jamais pu voir. Mais l'exigence brillait dans son regard.
Après m'avoir jaugée des pieds à la tête elle m'entrainait à travers les jardins.
Elle m'ordonna de me déshabiller. Le passé tombait à mes pieds en même temps que les voiles.
Le sable avec eux.
Une brume d'humidité provenait du bassin chauffé de la salle voisine, enveloppant les ombres de mystère.
Je m'y glissait, me laissant porter par l'eau. Essayant de me détendre. L'eau était tiède et bercée par une odeur de musc.
La vielle femme m'ordonna de passer dans le bain chaud. Suffoquant alors de chaleur, je me concentrais sur les vapeurs qui s'en dégageaient perlant les murs de rosée.
C'est dans le bain glacé que l'on me frotta la peau avec une patte rude et sombre. La douceur inexistante. Mais ces brusques écarts de température permettaient une anesthésie parfaite.
Une fois propre, on m'enduisit de parfum, un subtile mélange florale et épicé.
Puis on me présenta à Elle. Elle était, disait on, une des plus grande courtisane du harem. Mais je ne le su que bien après.
Sa longue chevelure dessinait des spirales autour de son visage. Elle était parée de bijoux. Une robe au couleur des pâturages relevait les courbes de son corps. Ses seins lourds, aux pointes assombries, rondeurs qu'un simple voile, délicatement posé, n'arrivait à cacher.
A ses pieds, deux jeunes femmes languissaient. Nuage de fumée. Offrant leur corps à des esprits invisibles aux yeux, leur sensualité contrastait la froideur de la dame. Une tension érotique sublimée par la lumière des bougies embaumait la pièce.
« C'est pour toi ma chérie »
Poussant légèrement du pied une boite de bois sculptée que je saisit. A l'intérieur se trouvait un cordon de cuir.
Trente clochettes.
Trente clochettes destinées à connaître trente corps. Le plaisir étant la clé.
Elle était à présent mon éducatrice, et par conséquence: ma protectrice.