Association Landhelven
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Landhelven, association organisatrice de jeux de rôles grandeur nature en Midi-Pyrénées, Aquitaine et Languedoc-Rousillon.
 
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 La Dévoreuse

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Asryelle
Maître de Jeu
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Asryelle


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MessageSujet: La Dévoreuse   La Dévoreuse Icon_minitimeDim 8 Nov - 11:05

Je suis née il y a plus de 4000 ans. J'ai vu tellement de choses...
Je suis née sous un ciel blanc, empli de poussière et de sable. Les couleurs dont je me souviens oscillent entre l'ocre et le safran... Nous étions les Rakhs, les premiers hommes. Deux hommes débarquèrent sur l'île l'année où je vis le jour pour la première fois.

L'un d'eux était d'une pâleur extrême, son teint était semblable à celui de la lune les jours d'hiver. Il avait sur le visage une impression de calme immense. L'autre avait des petits yeux perçants, apeurés, qui cherchaient la malice dans tout ce qui l'entourait. C'est ce qu'on me raconta de leur arrivée par la suite.

Mon enfance vit l'influence ce fils de la lune grandir de jour en jour. La vie de notre peuple était facilitée par les atouts qu'il offraient. La magie... Je grandissais avec elle, et je n'imaginais pas ce qu'aurait pu être une vie sans elle. Les anciens non plus, d'ailleurs. Ils en avaient oublié les tracas du monde d'avant, et profitaient avec délectation de ce nectar qui leur était offert chaque jour par cet homme à la peau blanche, nommé Synacess. Outre le fait de leur faciliter la vie, cette énergie leur procurait un plaisir sans pareil, pour lequel ils auraient vendu père et mère si celui-ci leur avait été enlevé...

Synacess atteint l'âge de 30 saisons, et fut hissé par mon peuple, qui était désormais aussi le sien, au rang de dieu vivant. Nous avions alors choisi de nous nommer Syniens. Les naissances affluaient bon train, et au fil du temps, on remarqua des mutations chez les enfants les plus jeunes. Ils semblait qu'ils développaient une partie de leur cerveau afin de mieux recevoir les ondes émises par l'Unique. Les enfants étaient élevés par la communauté : ils n'appartenaient pas à une mère, mais à tous. Chaque homme et femme était responsable de chacun des enfants de l'île.

C'était l'âge d'or. La seule chose qui comptait alors était que ce moment dure éternellement. Nous souhaitions tous continuer à profiter des plaisirs qu'ils nous offrait, de cette douce chaleur qui irradiait nos corps et les rendait plus légers. Ils semblaient tellement moins lourds à porter à ses côtés... Nous souhaitions ardemment que cela ne s'arrête jamais, jamais, jamais...

Il y eu un moment où le ciel cessa d'être fait de sable et de poussière. Cela ne se fit pas en un jour : de ses nuances d'ocre il tourna au gris, puis ce fut un grand bouleversement lorsque nous crûmes que la mer avait remplacé le ciel.  Les vagues blanches qui y prenaient place semblaient néanmoins bien différentes de la houle que nous connaissions, qui venait se briser sur les côtes de l'île, cette même houle qui avait amené Walad'har et Synacess chez nous voilà de nombreuses années de cela. Ceux qui tenaient encore le compte des saisons affirmaient qu'une centaine de saisons s'étaient écoulées depuis ce moment.

Nous ne le savions pas encore, mais nous nous abreuvions de l'énergie de ce qui sera appelé plus tard "complexe manamorphique". Synacess semblait être comme un relais de magie. Certains étaient plus réceptifs que d'autres à cette énergie, et se rapprochèrent de lui à outrance. Ils devinrent des seigneurs syniens.

Vint le jour où Synacess décida de partir afin d'offrir à d'autres ce qu'il nous avait donné durant tant d'années. Il y eut des larmes et des pleurs, car Il était bon. Il ne nous ôtait pas les cadeaux qu'il nous avait fait, mais nous priverait simplement de sa présence. Il fut décidé que Wal'hadar, resterait sur l'île. Celui que tout le monde appelait "la Fouine", rapport à ses petits yeux constamment en train de chercher quelque chose, n'était pas aussi apprécié que celui qui nous quittait...

L'Unique nous demanda alors des volontaires pour l'accompagner afin de montrer les bienfaits de sa présence aux yeux de tous. Tous ceux qui souhaitaient servir de témoins furent sélectionnés. Nous n'avions que très peu d'entraînement militaire, mais il nous semblait impossible que quiconque refuse le merveilleux cadeau de notre Roi et que cela tourne au pugilat.

Nous avons alors pris les embarcations. Je n'étais jamais sortie du pays, et la traversée fut pour moi une épreuve intense : mon estomac refusait de faire le trajet, et il me semblait qu'il voulait se séparer de moi tellement il me faisait mal. Le trajet fut long et pénible, mais nous arrivâmes enfin sur les montagnes du continent qui se nommait Daël.

Nous marchâmes des jours et des nuits pour atteindre ce peuple dont nous parlait Synacess. Nous découvrîmes les immenses colonnes de cristaux mauves et bleues qui s'élevaient comme pour toucher le toit du monde et plus encore. Puis nous les rencontrâmes enfin...

L'entrevue fut brève. Synacess proposa de s'installer parmi eux, offrant sa connaissance et sa maîtrise de la magie. Il leur fit quelques démonstrations et nous présenta. Les Daëliens, amusés, regardèrent celui qui pensait leur présenter une connaissance totalement nouvelle et lui expliquèrent d'un air amusé que même s'ils n'avaient pas son niveau dans la manipulation de ces choses-là, eux-aussi savaient y faire. Surpris et vexé, Synacess décida alors que s'ils n'acceptaient pas sa proposition de leur plein gré, alors ils l'accepteraient par la force...

Mais les Daëliens connaissaient leur désert. Ils savaient que nos corps avaient besoin d'eau pour survivre, et décidèrent de nous assoiffer. Nous tînmes plusieurs années grâce aux pouvoirs de Synacess, mais même celui-ci faiblissait. De nombreuses embuscades eurent lieu alors que nous pensions être cachés. Beaucoup d'entre nous moururent. Le doute m'envahissait, tout cela n'était rien de ce que j'avais connu, rien de ce qu'on m'avait promis. Pourquoi n'avions-nous pas l'avantage ? Pourquoi n'acceptaient-il pas le bonheur que nous leur proposions ?


La Première Mort survint alors. Nous étions en pleine nuit, exténués, assoiffés, tentant de faire sortir un peu d'eau du sable, sans grand succès. Certains d'entre nous s'étaient assoupis, éreintés. Soudain, un groupe d'hommes drapés de voiles nous encercla sans que nous l'ayons vu venir. La plupart de mes camarades furent poignardés en un éclair. Quatre hommes s'emparèrent de Synacess et le tirèrent hors de la dune. Je ne me souviens pas de ce que j'ai fait ce soir-là... mais sans doute ais-je été assez rapide pour m'enfuir et les semer.

Je courais, je courais. Peu importe, la soif, peu importe la fatigue : je ne voulais pas mourir. Je courais, je courais, je courais encore. Et c'est dans ma course folle que soudain mon cerveau explosa.

A l'arrière de ma nuque, une douleur immense, un grand feu qui brûla tout, partant de ma colonne vertébrale et traversant tous mes nerfs. Je trébuchais, tombais la tête la première dans le sable et me roulais de douleur. Je tentais de contenir la douleur, mais elle était partout en même temps, je me tordais comme si mes articulations n'avaient plus de contraintes, et je hurlais, hurlais, hurlais...



Au matin je me réveillais, roulée en boule sur le sable. J'ouvris péniblement les yeux et ôtait le sable qui s'y était installé. Une fois ma vision claire, je pus constater que j'étais à deux jours de marche de la plage seulement. Je tentais de me relever. Mes muscles étaient lourds, patauds, mes mouvements étaient grossiers. Je me traînais péniblement et mis finalement quatre jours à arriver jusqu'à l'embarcation. Je me couchais dans la barque afin de prendre du repos. Deux autres rescapés arrivèrent le jour suivant. Eux aussi avaient ressenti cette douleur au même endroit, au même moment. Pas de nouvelles de Synacess.

Au bout de quatre jours, la mort dans l'âme, nous décidâmes de repartir vers l’île. Nous étions seulement 3 pour manœuvrer l'embarcation. Nos muscles étaient douloureux, nos actions étaient gauches. Nous avions l'impression d'émerger d'un long sommeil, où nous aurions fait un très beau rêve, mais où le retour à la réalité était un cauchemar...

Nous arrivâmes sur l'île où nous fûmes accueillis avec des pleurs. Ici aussi l'explosion de douleur avait été ressentie. Certains anciens en étaient morts. Nous étions en deuil, nous avions perdu notre père à tous, notre roi, notre sauveur, notre garant. Nous ne ressentions plus la magie aussi fortement qu'avant, néanmoins elle était toujours présente, en plus petite quantité. Il allait sans doute falloir rationner notre usage de celle-ci.

Je découvris alors que depuis que nous étions partis, Walad'har avait décidé de lui-même qu'il dirigerait l'île. Plusieurs seigneurs syniens choisirent de remettre en cause son autorité et s'opposèrent à lui. Suite à un affrontement, d'abord oratoire, puis par les armes, Walad'har fut vainqueur. En punition, il choisit d'écraser le cortex manamorphique de ses opposants, là, dans notre nuque, où nous sentions la magie affluer. Les seigneurs syniens révoltés furent condamnés à cette horrible agonie qui dura pour certains plus de 10 jours... Ils finirent par mourir à cause du manque de magie. A chacune de leurs morts, nous ressentîmes une baisse certaine du niveau de magie qui nous parvenait. A la mort du dernier, ce ne fut plus qu'un mince filet de magie qui parvenait jusqu'à nous.

Le manque commençait à se faire sentir. Le peuple était de plus en plus à cran, énervé, fatigué. Certains commençaient à organiser des projets de révolte contre Walad'har, bien plus construits que ceux des seigneurs syniens morts. D'autres apprenaient à vivre avec ce manque, et développaient la possibilité de se nourrir de l'énergie présente dans le complexe manamorphique des autres.

Walad'har fut assassiné par un jour de pluie. Je n'y participais pas. Je ne sus jamais qui avait mené la mission à bien, mais le bruit courut dans toute la ville que la Fouine était morte de manière sanglante.

A ce moment nous espérions pouvoir reprendre une vie normale. Avant leur arrivée, comment était-ce ? Mais cela faisait plus de 200 ans qu'ils étaient arrivés sur l'île. La plupart des anciens étaient morts et ceux qui restaient ne parvenaient pas à se souvenir de l'Avant. Nous nous apprêtions à tenter de réinventer une vie normale. Mais la Faim était là... et elle grandissait de plus en plus.

Les premiers d'entre nous qui avaient commencé à se nourrir de l'énergie des autres ont commencé à déraper. De plus en plus de meurtres de Syniens ont été découverts , la nuque ouverte, comme si la peau avait été arrachée avec les dents pour atteindre le cortex. Plus le temps passait, plus les agressions se multipliaient. La Faim nous dévorait tous... et chacun d'entre nous commençait à ressentir l'envie de mordre dans la nuque de son voisin... Il ne faisait plus bon vivre en si grande communauté.

Au fil des années, nous nous sommes dispersés en petits groupes. Les seigneurs syniens restants, ceux qui avaient été le plus au contact de Synacess, avaient développé la possibilité de relayer la magie, comme le faisait Synacess mais dans une bien moindre mesure, d'où le manque ressenti à la mort des révoltés. Il étaient nos maîtres spirituels, et nous les suivions comme des sangsues ayant peur de manquer de nourriture. Ils palliaient à notre faim pour un temps, même si la chasse s'avérait toujours meilleure, mais mieux valait en avoir toujours un sous la main.

Les enfants se firent plus rares, d'abord à cause de notre nouveau mode de vie en petits groupes. Puis une année, il n'y eu pas un seul bébé. Les années suivantes confirmèrent le désastre : nous étions devenus peu à peu stériles. Incapables de nous reproduire et  destinés à nous dévorer les uns les autres, la civilisation synienne était donc vouée à disparaître...

Des années passèrent. Des dizaines d'années passèrent. Aucun signe de vieillissement. Rien ne changeait. La Faim était toujours là. L'un ne nous s'attaquait parfois à son frère, et le lendemain c'était un autre. Mais il n'y avait plus de corps. Nos enveloppes corporelles, désormais faites exclusivement de magie, retournaient au complexe manamorphique sous forme d’énergie pure. Les clans s'amenuisaient. Je changeais régulièrement de clan afin de toujours me trouver auprès d'un maître spirituel.

Certains clans décidèrent de traverser de nouveau la mer pour retourner en Daël. Une fois sur le continent, nous repassâmes à proximité des immenses colonnes mauves. Elles nous attirèrent comme un aimant. Nous nous mîmes à vouloir attaquer à coup de dents ces colonnes de cristaux, qui étaient en réalité chargées d'essence manamorphique. Certains Daëliens minaient les colonnes afin d'en extraire des cristaux plus petits, transportables. Après avoir vidés les quelques hommes de leur essence, nous fîmes le plein de ces cristaux et reprîmes notre route.

Nous découvrîmes que Daël n'était pas la seule contrée sur ce continent. Certains clans allèrent jusqu'aux montagnes de Glassmorss, d'autres descendirent jusqu'à l'isthme de Landhelven. Nous apprîmes également que d'autres îles existaient au delà du continent.

J'ai appris à séduire des hommes pour planter mes crocs dans leur nuque. Plus difficile, car ils se méfient, mais j'ai également su séduire mes semblables dans le même but... c'est meilleur. Leur cortex est plus développé, plus entraîné à retenir la magie, et donc plus gorgé en énergie manamorphique...

L'histoire des peuples se déroulait lentement pendant que nous restions en Daël. Les empires et les civilisations se montaient, brillaient et tombaient sous nos yeux lassés. Les Daëliens entrèrent dans une guerre interne, les trois castes qui composaient leur peuple s'affrontèrent et l'empire Daëlien s'effondra. Un homme nommé Sehum arriva en Daël en impressionnant les pouvoirs en place avec une nouvelle sorte de magie. Il fut mis à la tête de la nation et renomma son peuple les Laedars.

Je l'ai vu plonger son peuple dans un sommeil sans fin, dans le seul but d'avoir une armée entièrement dévouée. Il souhaitait contrer son frère qui possédait une Lame d'une grande puissance. Ce Sehum m'intriguait, il agissait comme s'il connaissait des informations qu'il n'aurait pas dû. J'ai donc œuvré pour le rencontrer. Afin de rester présentable, on m'a demandé de couvrir ma bouche, décharnée par le manque de magie, notamment pour ne pas effrayer son fils.

Sehum était un homme extrêmement intéressant. Nous avons parlé tout le jour, la nuit qui a suivi, et encore le jour d'après. Il m'a raconté son conflit avec ses frères et surtout Orien. Il a posé de très nombreuses questions à propos de Synacess, sans que je sache pourquoi. J'ai appris que ce que nous avions vécu autrefois est aujourd'hui considéré comme un mythe fondateur... étonnant.
Il m'offrit de nombreuses pierres pierres manamorphiques que j'eus la joie de dévorer avec empressement, ce qui eu pour effet de calmer un peu ma faim. Nous avons passé la nuit ensemble et malgré cela j'ai dû me retenir de nombreuses fois pour ne pas attenter à sa vie...

Plus tard, bien plus tard, j'apprendrais que son fils, Sehum'adil, s'était rebellé contre son père et avait lancé une campagne contre sa machine à rêve. Ce seront les dernières nouvelles que j'aurais de cet homme... le seul humain qui m'avait importé en plus de 2500 ans.

Je commençais à me rendre compte à quel point je me distanciais des humains. Autrefois faisant partie des premiers hommes, me voilà autre, arrachée à cette humanité sans avoir rien demandé, depuis si longtemps... Au cours de nos voyages, certains avaient appris à nous repérer. Nous étions désormais reconnus par les populations lors de nos arrivées, qui nous donnaient le nom de "Dévoreurs", ou "Dévoreurs spirituels". Qu'il en soit ainsi, petits êtres éphémères : appelez-moi Dévoreuse, si tel est votre souhait...



Notre espèce se faisait de plus en plus rare. Là où les groupes se croisaient régulièrement quelques centaines d'années auparavant, il devenait épisodique, voir anecdotique de croiser un groupe de Dévoreurs, groupe qui parfois se réduisait à deux ou trois individus, quand ce n'était pas un Dévoreur seul. L'absence de Maître spirituel se faisait cruellement ressentir... Des rumeurs disaient qu'un groupe important avec un maître Dévoreur séjournait sur l'île d'Eureus. Qu'à cela ne tienne, de toute façon, qu'ai-je d'autre comme but ?

Nous étions trois dévoreurs à partir pour Eureus, les derniers de notre clan. Notre maître Dévoreur était mort depuis longtemps suite à l'attaque d'un autre clan. Une dévoreuse, bien sûr. Les femmes étaient les plus vicieuses pour berner les membres d'un autre clan et le prendre par surprise.

Nous arrivâmes sur Eureus. Nous n'avions jamais vu un tel décor. Tout ce que nous connaissions se résumait au sable, au désert et aux rocheuses. Ici, la profusion de la végétation, cette couleur verte affolante et omniprésente, nous fit comprendre que nous n'étions pas en terrain connu ici.

Après des semaines de recherches, nous finîmes par trouver le groupe en question. Ils étaient 5, dont 2 femmes. Après un long moment passé à se dévisager, l'une des femmes m'attaqua. Ne pouvant la contrer avec un sort comme j'aurais pu le faire pour un humain, je lui expédiais un coup de pied en plein visage avec plus de réflexe que je n'aurais cru en avoir. Sa mâchoire déjà abîmée émit un craquement sec, et elle retomba sur le sol.

Nous entamâmes alors la discussion avec le groupe. Ils nous expliquèrent que leur maître spirituel, Ryun'truek, n'était plus avec eux car il s'était pris de curiosité pour un humain. Cet humain, disaient-ils, avait d'après leur maître un cortex manamorphique bien plus développé que le commun de mortel, presque semblable à celui des dévoreurs. Toujours inquiété par la disparition de notre espèce, Ryun'truek avait voulu aller étudier le jeune humain car il espérait secrètement, si toutefois la chose avait été possible, pouvoir en faire un de ses semblables.

Cela faisait des mois que Ryun'truek était parti aux côtés du jeune humain. Le manque commençait à se faire ressentir de plus belle. Et impossible de trouver les mêmes colonnes qu'à Daël... il allait falloir partir en chasse.

Nous trouvâmes une école de jeunes pratiquants de la magie. L'odeur était si forte... Une telle concentration d'énergie dans ces cortex tout neufs ne pouvait que nous faire saliver. Celle qui m'avait attaqué ne résista pas longtemps, et nous franchîmes tous le mur d'enceinte.

Ce fut un carnage. Le groupe de dévoreurs était si affamé qu'ils ne prirent même pas la peine d'épargner leurs victimes pour n'en retirer que le flux manamorphique, non, ils attaquèrent directement dans la chair afin de n'en perdre aucune goutte. Au total 36 humains furent tués, mais pourquoi nous en soucierions-nous ? Les humains ont la capacité de se reproduire comme des lapins, alors sincèrement, quelques individus sur des millions, en quoi est-ce une grosse perte ?

Désormais repus, mais pour un temps seulement, la seule chose qui restait à faire était de fuir sans se faire attraper par les humains. L'une des nôtres, ayant trop mangé, restait sur place, les yeux mi-clos, un air d'extase cloué sur le visage. Sa gorge fut tranchée par les gardes, premiers arrivés sur le lieux après le massacre organisé. Nous tentâmes de fuir, mais plusieurs d'entre nous furent rattrapés et ne purent se défendre. Encore des individus en moins...

Le maître spirituel ne revint pas de chez le jeune prince. Nous nous cachâmes dans la forêt pendant quelques mois. Nous subsistions en attaquant les imprudents qui s'aventuraient dans la forêt dense d'Eureus, contribuant ainsi à sa légende de forêt hostile et impraticable. Nous étions faibles, affamés, mal en point. Le pire fut la saison des pluies... L'un de nous ne put supporter le climat et mourut dans la forêt. Encore un. Nous n'étions plus que trois : moi et les deux autres du clan de Ryun'truek, Shallyn'shi et Ma'ghyll.

Nous restions à proximité des villes, aussi le jour où le roi mourut, nous entendîmes la nouvelle. Quelques mois plus tard, nous apprîmes que l'un de ses fils l'avait rejoint, trahi par son propre frère.

Ce jour-là, la saison des pluies était enfin terminée. Nous étions au plus bas, presque incapables de se mouvoir pour aller chasser. Mais il faudrait bien... sinon...

Je tournais de l’œil. La faim me faisait perdre la raison. Je me jetais sur Shallyn'shi, la plus proche, avec le peu de forces qui me restait et lui entaillait la jugulaire. Que c'était bon de sentir tout cette énergie vitale se déverser à flots ! Je plantais mes dents dans son cortex et aspirait toute l'énergie qui y résidait. Ma'ghyll me poussa violemment, estimant que j'avais eu ma part, et se servit également dans la nuque de son ancienne partenaire de chasse.

C'est alors que nous sentîmes tous deux un regain d'énergie inexpliqué : cela ne pouvait être l’absorption de l'énergie de Shallyn'shi seule, nous ne connaissions que trop bien l'effet produit par la mort d'une Dévoreuse et cela n'y ressemblait en rien. Non, c'était quelque chose de beaucoup plus fort... de beaucoup plus ancien... et nouveau à la fois ?!  Une sensation que je n'avais pas ressentie depuis longtemps... celle d'un maître Dévoreur ?

Une silhouette se dessina à travers les feuillages. Repus pour l'instant, nous n'avions pas l'intention de l'attaquer, mais nous nous préparions à nous défendre. Et si ... ?

"Bonjour... je m’appelle Trai'him. Je viens de la part de Ryun'truek. C'est vous que je cherchais."

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